Radiations : l'autre conspiration du silence
Il est désormais bien établi, pour quiconque s'est donné la peine de chercher des informations sans se laisser influencer par l'avis des médias, que l'hypothèse de l’échappement du coronavirus à partir d’un laboratoire a fait l'objet d'une conspiration du silence. Cette conspiration du silence a opéré à plusieurs niveaux : scientifique, médiatique et sociétal. La plupart d'entre nous ne pouvaient pas imaginer qu'une telle dissimulation était possible. Cependant, un cas similaire s'est déjà produit, vraisemblablement de la même manière. Ce cas concerne les effets des rayonnements, et a des conséquences dramatiques, puisque les rayonnements des examens radiologiques sont probablement aujourd’hui l’une des principales causes de cancer dans les pays développés.
L'utilisation massive des radiographies diagnostiques remonte au début du siècle dernier. La prise de conscience du rôle cancérogène des rayonnements ionisants (comme le sont les rayons X) s'est progressivement imposée au cours du siècle dernier, mais si le mécanisme est désormais très bien connu (il s'agit de cassures de l'ADN), le niveau de risque reste inconnu de la plupart des médecins. À cela, il y a une raison simple : c'est un sujet tabou.
Une des premières personnes à s'être systématiquement intéressée au sujet (car c'était précisément ce qu'on lui demandait de faire) fut John Gofman, le médecin et physicien qui avait découvert la relation entre les lipoprotéines et les maladies coronariennes (1). Gofman avait été chargé par la Commission américaine de l'énergie atomique d'évaluer les risques des radiations. Sa conclusion, que non seulement il y avait des risques de cancer à faible dose, mais que les risques étaient proportionnellement plus élevés à faible dose, a tellement déplu à la Défense américaine que ses crédits de recherche lui ont été retirés et qu'il a été transformé en un paria qui a été forcé à abandonner toute son activité de recherche institutionnelle (2). Gofman, cependant, n'avait rien fait de plus que de recueillir des données dans la littérature médicale.
Les conclusions présentées dans son livre, publié 20 ans plus tard, étaient que 75 % des cancers du sein chez les femmes américaines étaient liés aux radiations d’origine médicale (3). On aurait pu s'attendre à ce que de telles affirmations soient contredites par d'autres données. Il n’en a rien été. Gofman a été dépeint comme un excentrique, ses articles ont été rejetés par les revues médicales et des « experts » ont été chargés d'expliquer que Gofman avait tort.
Les arguments utilisés pour nier l'importance du risque étaient de trois types :
1) La dose reçue lors de tel ou tel examen est égale à la dose de rayonnement naturel de fond pendant 3 mois et donc le risque est négligeable. Cependant, ce serait comme prétendre que prendre ses médicaments prescrits pendant 3 mois d'un coup est sans danger car il n'y a aucun risque en trois mois.
2) Nous disposons d'un modèle qui permet d'évaluer le risque de cancer pour chaque dose (le modèle Linear-No-Threshold ; LNT). Cependant, ce modèle ne repose sur aucune donnée observationnelle pour les faibles doses.
3) Les personnes qui subissent des examens radiologiques n'ont pas le même risque intrinsèque de cancer que les autres. Seul cet argument avait quelque valeur.
L'étude de l'effet du dépistage par mammographie chez les femmes âgées dans les pays qui l'ont mis en place sur une courte période de temps a permis d'avoir une estimation du risque de cancer pour chaque mammographie sans ce biais de sélection du risque, car il montre une augmentation de incidence pour l'ensemble de la population (4,5). Ces études retrouvent un nombre de cancers plus de 100 fois supérieur à la prédiction du modèle LNT. Et c'est aussi une illustration du fait qu'il s'agit d'un sujet tabou, puisque l'auteur principal (moi-même) a été licencié de son poste permanent à l'Inserm, suite à sa découverte.
Après les travaux de Gofman, d'autres études ont rapporté des risques en accord avec ses conclusions. Dans une étude de 2019, un seul scanner abdominal chez les filles est associé à une multiplication par 3 du risque de cancer du sein (6). Cette étude n'a pas reçu la couverture médiatique qu'elle méritait. Selon Gofman, les radiations médicales pourraient être non seulement une cause majeure de cancer, mais aussi de maladies coronariennes (7). Cela me semble être une raison suffisante pour que la société exige une enquête indépendante sur les risques des rayons X, à l'abri de la pression des lobbies et des conflits d'intérêts.
References:
1)https://en.wikipedia.org/wiki/John_Gofman
2)https://ratical.org/radiation/inetSeries/nwJWG.html
3)https://www.ratical.org/radiation/CNR/PBC/
4)Breast cancer incidence as a function of the number of previous mammograms: analysis of the NHS screening programme | bioRxiv
5)Corcos & Bleyer, NEJM, 2020.
6) https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2749234
7) "Radiation from Medical Procedures in the Pathogenesis of Cancer and Ischemic Heart Disease" Book, by John W. Gofman, M.D., Ph. D., 1999